TRANSFICTIONNALITE :

DU GRAND AU PETIT ECRAN

"A lot can happen in the middle of nowhere"

Burdeau Emmanuel, « Des chaînes pour la neige. Sur la série Fargo », Vacarme, 2015/3 (N° 72), p. 198-221.   

Cinephilia & belong, ‘Fargo’: The Unforgettable Dark Comedy that Set the Coen Brothers Up as a Recognizable Voice in American Cinema  

Conrad Thomas, « Quand la fiction déborde le texte », Acta fabula, vol. 13, n° 9, « L'aventure "Poétique" », Novembre-Décembre 2012.  

Levine Josh, The Coen Brothers: The Story of Two American Filmmakers, ECW Press, Toronto, 2000.  

Luhr William G., The Coen Brothers' Fargo, Cambridge University Press, 2004.  

Pigoullié Jean-François, « Fargo : du sang sur la neige », Esprit, 2015/6 (Juin), p. 127-130.  

Saint-Gelais Richard, Fictions transfuges. La transfictionnalité et ses enjeux. Paris, Éditions du Seuil, coll. "Poétique", 2011, p. 7 à 17.     

Toles Georges, Obvious Mysteries in Fargo,   

« Fictions transfuges. La transfictionnalité et ses enjeux. Entretien avec Richard Saint-Gelais. » Propos recueillis par Frank Wagner     

Fargo, IMDB

Le titre « Fargo » n’est en soi qu’un choix aléatoire. La sonorité fut centrale dans l’attribution du titre du film (plus évoquant que Brainerd). Néanmoins, les frères Coen ont opté pour cette zone géographique car ils connaissent ces villes.

Originaire de cette région, ils veulent faire découvrir une Amérique différente, une « Siberia with family restaurants ». Ils éprouvent une attirance esthétique pour cet univers blanc, sans ligne d’horizon apparente.

Le tournage ne s’est pas limité aux environs de Fargo, l’équipe a en effet du faire avec le temps. La neige n’étant pas présente dans la région, ils sont partis de Minneapolis pour le Dakota du Nord, où les plaines désertiques ont installé une ambiance oppressante et dramatique (Luhr William G., The Coen Brothers' Fargo). Il s’agit pour eux de faire découvrir un lieu, mais aussi ses habitants. En opposition aux clichés véhiculés par Hollywood, où les ''bad guys'' sont organisés et professionnels, afin de mettre en avant un tableau plus proche de la réalité, le "This is a true story" venant appuyer cette démarche (Luhr William G.).

Cette démarche reste inchangée dans la mise en série de Fargo. Noah Hawley reprend le titre, les intrigues et les personnages, il place ses trois histoires dans la même zone géographique, tout en exploitant au minimum la ville éponyme.

FILM / SAISON 1 / SAISON 2 / SAISON 3

1987            2006                            1979                            2010

Cliquer sur la carte pour se déplacer et observer les événements des différentes fictions

Afin d'insérer sa création dans un univers fictionnel plus large, Noah Hawley reprend des éléments iconiques du film : le grattoir ou encore le broyeur à végétaux, objets emplis de signification dans le film original, se voient réinvestis dans les saisons de Fargo. Ces clins d'oeil, bien qu'ils n'aient pas une importance capitale dans le dénouement de l'intrigue, participent à l'expansion sérielle de ce monde du nord des USA. En plaçant de tels repères, Noah Hawley s'assure au minimum un dialogue avec l'oeuvre originelle. Le travail ne se limite néanmoins pas à cette caractéristique, le réalisateur usant de bien plus de procédés, comme nous le verrons par la suite, pour faire communiquer son oeuvre à celle des Coen. Ainsi, de la même manière, certains personnages de la série reprennent les traits  physiques de ceux du film éponyme, entrecroisant les récits dans un même univers diégétique. 

Jerry Lundegaard (William H. Macy) et Lester Nygaard (Martin Freeman), respectivement les personnages centraux du film et de la saison 1 partagent des similitudes à plusieurs niveaux. S'ils portent tous les deux un nom à consonance nordique, le rapprochement s'exprime également à travers leurs physiques et leurs personnalités dans la mesure où ils sont tous les deux plutôt frêles, anxieux et timides. D'autre part ils sont tous les deux des vendeurs relativement médiocres, respectivement de voitures et d'assurances. En outre, leurs relations à leurs femmes vont être dans les deux cas le déclencheur de l'intrigue du film et de la saison 1. Si dans le premier cas il s'agit avant tout pour Jerry Lundegaard de faire enlever sa propre femme afin d'en récupérer la rançon, Lester Nygaard veut purement se débarrasser de sa femme afin de trouver la paix avec lui-même.  

Marge Gunderson (Frances McDormand) et Molly Solverson (Allison Tolman) se ressemblent également à plusieurs égards: elles sont les deux officier de police et en charge d'enquêter sur les événements principaux dans le film et dans la saison 1. Elles montrent les deux un caractère fort et une grande détermination à aller au bout de leurs idées dans le but de découvrir la vérité bien que leurs supérieurs hiérarchiques respectifs essaient la plupart du temps de les brider.

Cet exemple diffère des deux premiers en cela qu'il s'agit de personnages secondaires, ici Wade Gustafson  (Harve Presnell) et Otto Gerhardt (Michael Hogan), dont la ressemblance se situe uniquement au niveau physique. Les deux personnages par leur faible importance au sein du récit ne peuvent faire l'objet d'une comparaison plus approfondie par exemple au  niveau de leurs personnalités ou de leurs trajectoires. 

Shep Proudfoot (Steve Reevis) et Hanzee Dent (Zahn McClarnon) sont les personnages américains natifs du film et de la saison 2. Ils sont les deux liés de près ou de loin aux groupes criminels locaux. Leur tempérament calme n'égale que leur férocité comme le témoigne la scène de bagarre (1h07min) où l'on voit Shep Proudfoot frapper Carl Showalter (Steve Buscemi) à coup de ceinture tenant ce dernier responsable des soupçons que lui porte Marge Gunderson (Frances McDormand). Dans un autre registre et de manière encore plus violente, Hanzee Dent blesse ou tue par balle des clients et le patron d'un bar raciste ainsi que des policiers dans l'épisode 8 de la saison 2. 

Le duo criminel loufoque Graer Grimsrud (Peter Stormare) / Carl Showalter (Steve Buscemi) du film est réinitié dans la saison 1 à travers le duo Wes Wrench (Russell Harvard) / Grady Numbers (Adam Goldberg). Ils ont en commun d'être tous les quatre des professionnels du crime et les particularités du duo du film sont reprises dans la série notamment en reproduisant le contraste entre Graer Grimsrud -qui ne parle quasiment pas du film et est un tueur froid- et Carl Showalter -qui est hystérique, maladroit et prend généralement de mauvaises décisions- dans la doublette Wes Wrench et Grady Numbers. Wrench reprend les traits physiques de Grimsrud par sa grande carrure mais son mutisme est total dans la mesure où il est muet. Numbers reprend la tendance à faire de mauvais choix observable chez Carl Showalter tout en apparaissant bien plus adroit que ce dernier.

Si jusqu'ici nous avons pu constater quelques comparaisons de personnages entre le film et la série, nous pouvons observer à travers ces captures d'écran un rapprochement visuel dans la mesure où certaines scènes peuvent être grandement inspirées par l'oeuvre originale. Nous pouvons ici constater une grande similitude entre la scène du film où Marge et Norm Gunderson (John Carroll Lynch) ont une discussion dans leur lit et Gus Grimly  (Colin Hanks) et Molly Solverson de la saison 1.

Dans la même logique, Noah Hawley intègre une scène d'enlèvement filmée dans un dispositif similaire —une cabane dans les bois, la personne enlevée attaché à l'aide d'une corde autour d'une poutre en bois— dans la saison 2.

Norm Gunderson évoque dans cette scène (capture d'image à gauche) un timbre à trois cents sur lequel sera imprimé une de ses peintures. Dans la saison 3, il est question d'un timbre appartenant à Emmit Stussy (Ewan McGregor) dont on ne connait pas la valeur exacte mais qui est indiscutablement importante en cela qu'il est l'objet de convoitise de son frère jumeau Ray. Le timbre a une valeur symbolique dans les deux cas pour ce qu'il représente pour Norm Gunderson ou Ray Stussy, c'est-à-dire la réussite. Bien qu'on ne puisse démontrer un lien direct entre ces timbres, le fait d'en faire un objet du film et de la série vient renforcer l'idée de transfictionnalité.

Dans la dernière partie du film, Carl Showalter, qui a récupéré une mallette pleine d’argent, décide de l’enterrer quelque part au bord d’une route afin de doubler son acolyte Graer Grimsrud. L’endroit étant désert, il plante un grattoir en guise de repère pour le récupérer ultérieurement, chose qui n’arrivera pas parce qu’il se fait éliminer par son acolyte (scène de la broyeuse). La mallette ne sera pas récupérée dans le film puisque seul Carl Showalter connaissait son emplacement. Cependant, Noah Hawley va intégrer dans le récit de la première saison l’issue de la mallette en cela qu’elle sera retrouvée — un hasard miraculeux— par Milos Stavros (Oliver Platt) qui bâtira son empire commercial grâce au butin. Cette scène du grattoir est peut-être la plus édifiante en termes de continuité fictionnelle (ou transfictionnalité) dans la mesure où elle produit une véritable jonction, un passage de témoin entre le film et la série en mobilisant un objet unique à travers les deux récits bien que la mallette ne soit pas centrale pour l’intrigue dans la deuxième fiction.

La scène du hachoir dans lequel se fait broyer Carl Showlater par Graer Grimsrud dans le film réapparaît comme un « easter egg » dans la saison 2 où le boucher Ed Blumquist (Jesse Plemons) broie le cadavre de Rye Gerhardt (Kieran Culkin) afin d’éliminer toute trace de son corps. En réinvestissant à sa manière une scène emblématique du film au sein de la série, Noah Hawley encre cette dernière dans l’univers de l’oeuvre originale.

La bande son de la série rappelle celle du film. Pour le film des Coen, la musique, créée par Carter Burwell, est un mélange entre l'héritage "scandinave" de cette région et le rock'n roll de la jeunesse des Coen (Luhr William G., The Coen Brothers' Fargo).

Mais la bande son de la série est aussi constituée de musiques se référant aux autres films des frères Coen. Toutes ces similitudes travaillent à produire un ensemble cohérent, centré sur une zone des Etats-Unis, où les récits se mêlent et mettent en évidence une Amérique loin des success stories habituelles.

Carter Burwell - Fargo, North Dakota (Fargo Soundtrack)

Fargo - Soundtrack

Main Theme - Jeff Russo

O Brother Where Art Thou

The Sirens - Go to Sleep Little Baby

Didn't Leave Nobody But the Baby - Noah Hawley & Jeff Russo

(S02E01 ending)

Man of Constant Sorrow - Soggy Bottom Boys

O Brother

Man of Constant Sorrow - Blitzen Trapper

(S2E6 ending soundtrack)

Just Dropped In - White Denim

(S02E07)

Just Dropped In - Kenny Rogers & The First Edition
The Big Lebowski

O Brother Where Art Thou - The Sirens

Go to Sleep Little Baby

Fargo Sountrack

Fargo, North Dakota

Les thèmes musicaux sont très similaires. Sans être identiques, nous pouvons relever des ressemblances dans la tonalité, le rythme ou encore l'atmosphère. Carter Burwell, compositeur travaillant avec les frères Coen, propose une musique qui se réfère à tout l'univers déployé par cette fiction. En effet, alors que les personnages ont un accent bien caractéristique de cette aire géographique, la musique suit le même chemin. Burwell intègre en effet un thème inspiré de la musique scandinave, avec l'utilisation du violon Hardanger, qui a une forte influence dans cette région.  

De même, nous retrouvons pour la saison 2 de Fargo une référence à une autre oeuvre des Coen : O'Brother (2000).

L'influence scandinave est délaissée pour profiter d'un courant plus américain, un blues teinté des années 30-40 qui s'intègre à la fiction parfaitement. Ainsi, la fiction vient s'appuyer sur la musique pour augmenter l'effet de réel voulu à la base par les Coen et repris par Noah Hawley.

Le choix d'un cover est de plus délibéré. Réalisé par Noah Hawley et Jeff Russo, il permet de créer une ambiance connue, tout en apportant du renouveau.

Nous retrouvons ainsi tout au long de la saison 2 des références musicales au film O'Brother. Elles participent à l'ancrage de la série dans l'univers fictionnel de Joel et Ethan Coen, comme le souhaite Noah Hawley.

Par ailleurs, la chanson est choisie ici pour son contenu. En effet, elle illustre la fin de la scène 6, où les Blumquist sont poursuivis par les Gerhardt, d'où l'homme toujours soucieux.

Les musiques peuvent ainsi soit travailler à établir une atmosphère locale, soit développer le pendant émotionnel d'une scène.

Un dernier extrait musical pour mettre en évidence la pluralité des références dont a usé Noah Hawley. 

Elle permet, comme dit auparavant, d'insérer la fiction dans une période temporelle définie, à savoir les années 70, période où la version première de Mickey Newburry est apparue. Mais il s'agit aussi, et surtout, de la bande originale du film des Coen, un morceau qui se veut donc facilement reconnaissable.

Le travail sur la musique de la série nous montre que les détails ont leur importance et qu'ils permettent de fonder un univers expansé où les œuvres artistiques se déploient et se font écho. 

La transfictionnalité apparaît encore plus prégnante lorsque l'on s'attarde aux diverses références cinématographiques présentes dans les saisons. L'oeuvre de Noah Hawley est, en effet, parsemée de liens aux créations des Coen.

La série se place ainsi comme égal du grand écran. Le réalisateur de récit sériel empreinte au cinéma ses procédés pour que la télévision devienne à son tour cinéma. Ainsi, la réalisation finale n'est pas un simple objet télévisuel, mais elle s'inscrit dans la continuité des créations "coeniennes" et offre une expansion d'un univers précis, opposée aux œuvres hollywoodiennes sensationnelles. 

The Man Who Wasn't There - 2001

Episode with flying saucer

The Castle, "It's just a flying saucer Ed" Fargo / S02E09

The Big Lebowski - 1996

Who Rules the land of Denial

Fargo / S03E08

No Country for Old Men - 2007

Mike Zoss Pharmacy

Before the Law, Mike Zoss Pharmacy Fargo / S02E02

Miller's Crossing - 1991

Did You Do This ? No, You Did It !

Fargo / S02E07

The Big Lebowski - 1996

The Law of Vacant Places 

Fargo / S03E01

A Serious Man - 2009

The Principle of Restricted Choice 

Fargo / S03E02

Il s'agit là d'un emprunt intéressant étant donné qu'il possède dans les deux fictions la même utilité.

Dans The Man Who Wasn't There, les Coen font intervenir une soucoupe volante afin de permettre à Ed Crane, interprété par Billy Bob Thornton, de résoudre un problème qui paraissait impossible.

Dans la série, Noah Hawley fait aussi intervenir un OVNI afin de débloquer une scène. En effet, lors de la fusillade au motel, Lou Solverson, joué par Patrick Wilson, profite de l'inattention de son agresseur Bear Gerhardt pour le tuer.

Par ailleurs, nous pouvons observer la reprise d'un élément iconique du film No Country for Old Men, le nom de la pharmacie où Anton Chigurh, interprété par Javier Bardem, fait exploser sa voiture pour détourner l'attention et voler des médicaments. Nous retrouvons Mike Zoss dans Fargo, la boutique se trouvant en face de la boucherie de Ed Blumquist. De plus, Mike Zoss s'avère être aussi la maison de production de plusieurs films des Coen, comme Burn After Reading ou True Grit.

Miller's Crossing est aussi une référence visuelle importante. En effet, Noah Hawley reprend une des scènes emblématiques du film pour l'insérer à sa manière dans la saison 2 de Fargo. Les dialogues ainsi que les angles de vue sont très similaires, les deux scènes mettant en scène l’exécution d'un personnage.

Ici se mêlent cinéma et télévision, cette dernière s'emparant des procédés de la première pour se sublimer et offrir au spectateur un nouveau spectacle. 

La saison 3 de Fargo propose des références multiples au film The Big Lebowski. Nous avons pu observer une reprise musicale auparavant. Nous pouvons relever une première scène qui fait écho au film des Coen. Lorsque Maurice LeFay, joué par Scott McNairy, conduit sa voiture et qu'il laisse tomber son mégot avant de sortir de la route. Il nous rappelle ainsi le Dude, Jeff Bridges, qui sort de la route de la même manière. De plus, l'apparence des acteurs est aussi un point similaire.

Ce rapprochement avec The Big Lebowski s'observe aussi vers la fin de la série. Lorsque Nikky, jouée par Mary Elizabeth Winstead, trouve refuge dans le bowling, le plan-séquence qui suit son entrée se veut identique aux scènes tournées dans le film. En effet, nous retrouvons deux personnages, assis dos aux pistes de bowling, discutant autour d'un verre. De plus, les personnages principaux sont accompagnés dans les deux cas de personnages énigmatiques, qui viennent alimenter le dialogue.

La dernière similitude que nous souhaitons relever est celle avec A Serious Man. Michael Stuhlbarg occupe un rôle dans les deux fictions, Noah Hawley a travaillé à plusieurs reprises avec des acteurs issus du cinéma, comme Martin Freeman, Billy Bob Thornton ou encore Ewan McGregor, déplaçant ainsi les horizons d'attente liées au support lui-même.

De plus, le film des Coen met en scène l'impuissance d'un homme sur sa propre vie. La saison 1 de Fargo met en scène un Milos Starvos guidé par ses croyances et la 3 montre la chute d'Emmit Stussy, joué par Ewan McGregor. 

Il est ainsi aisément observable une multitude de références que Noah Hawley a intégrées dans cette reprise télévisuelle. Elles permettent, d'une part de situer l'oeuvre dans un ensemble complet de production cinématographique, d'autre part d'ouvrir un champ de discussion pour les fan, friands d'explorer une série afin d'y trouver les détails passés inaperçus. Ainsi, le geste de Noah Hawley n'est pas celui d'un fan nouvellement réalisateur qui veut rendre honneur à ses idoles. La démarche est réfléchie pour augmenter la visibilité de la série et nourrir le cercle des fan.

Fargo et son univers fictionnel apparaissent comme inépuisables, une Amérique fatale où s'activent des anti-héros surprenants. Tissés entre les flocons de neige et les marres de sang, les récits de Fargo nous témoignent d'une continuité maitrisée.

Par ailleurs, la télévision entre dans une nouvelle dimension, le cinéma n'étant plus réservé aux salles obscures, mais proposé sous un format nouveau. Les séries et leurs réalisateurs égalent le talent de leurs homologues du grand écran.

Conclusion